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C’est une des nombreuses légendes du Rhône. Ce dérivatif médiéval - un de plus - revisite librement l'histoire locale, des alentours de l'an 1000 aux prémices de la Renaissance. La fête populaire ne se soucie guère d'authenticité.

Des anachronismes revanchards, voire futuristes, font de l'effet. En mai 2001, un canular grandiose régénère la 30e édition. Une sorte de homard géant, croisé avec une mante religieuse, est conduite par le Diable qui crache des flammes. 

Le dragon originel, plutôt pépère, est tracté dans les rues du village par une bande de joyeux drilles ahanants. La bête mesure 15 mètres de long. Ni ses gros yeux rouges clignotants, ni ses rejets fumigènes  n’effraient plus personne depuis longtemps. Henri Clariot, poète local (ci-contre), en a fait une chanson.

Depuis quelques années, les déambulations nocturnes du monstre amphibien sont précédées d'un marché médiéval. Artisanat d'art et bateleurs de tous poils s'y côtoient. Ce joli préambule anime le centre du village dès l'après-midi.

Le château des amours  -  Les tambours    i     Durée 2' 46"

La tranche estudiantine des 15 - 25 ans  est difficile à retenir au village. Une animation typiquement moyenâgeuse y est parvenue, mais sans lendemains. Le groupe de jeunes musiciens et danseurs est aujourd'hui en sommeil.

Une dizaine d'apôtres franchouillards a semé une joyeuse zizanie durant deux ou trois ans. Un bel exemple qui, là aussi, a tourné court. Les initiatives de ce genre font merveille dans le défilé qui précède le spectacle son et lumière.

En plus de trois décennies, la fête a connu des variantes, avec des hauts et des bas. La légende s'essouffle tout en préservant de beaux épisodes autour du Prince des Marais, un maléfice sous forme de dragon entouré de ses sbires, qui prend la population en otage.

On peut toujours se recaler sur l'Histoire, la vraie, qui subsiste en toile de fond. Mais qui s'en soucie vraiment ? Le divertissement populaire reprend le dessus. Témoin ces supplices intemporels et jubilatoires qui concluent ici cette séquence.

Un noyau de  bénévoles, quelques professionnels persévèrent avec un scénario sans cesse remanié, toujours inspiré du haut moyen âge, façon Seigneurs des Anneaux. Une trame, somme toute, conventionnelle, qui satisfait le grand public.

En 2003, une équipe télé de France 3 est venue tourner à Mondragon un épisode des légendes du Rhône. Henri Clariot, auteur de la Cansoun dou Drac, et de tout jeunes élèves de l'école de musique y ont participé. Dans le sillage, j'ai filmé aussi.

Il y a bien quelques pros qui assurent une partie technique et spectaculaire. Mais que serait la Légende du Dragon sans les bénévoles qui y mettent tout le coeur et leur talent ? Ils sont l'âme de la fête. Mais le découragement, la lassitude les guettent, tandis que jaillit du sang neuf. 

Des querelles intestines nuisent à la fête. En mai 2004, la répétition révèle une zizanie entre pros et bénévoles. Les premiers bâclent un tantinet, les seconds rament. Le spectacle sera quand même assuré. L'équipe découragée s'est refait une santé, au gré d'un nouveau scénario.